Mercredi 20 janvier 2010 à 1:52

Juste pour le fun, parce que j'aime bien ces deux zouaves, le début d'une très courte side-story racontant la première rencontre entre Lev, alors âgé de 28 ans et fraîchement viré de l'armée néerlandaise pour laquelle il travaillait comme consultant, et Arvid, qui vivait alors dans des conditions... Je vous laisse les découvrir.
Je posterai la suite dès qu'elle sera finie. Attention, chute TRES tarte à venir.

*

Lev commençait à en avoir sérieusement et irrémédiablement marre. Il avait poireauté dans cette salle d'attente sinistre toute la journée, à se ruiner les lombaires sur les banquettes défoncées, à feuilleter des magazines féminins sans intérêt et à inventer toutes sortes de stratagèmes pour éviter que la lumière blanche et crue des plafonniers n'endommage trop ses yeux fragiles d'albinos photophobe, même à travers ses lunettes de soleil. Lorsque Warwald descendit le voir, vers dix-sept heures trente, il le trouva affalé un siège, sa veste de cuir noir étalée sur son visage.

En entendant arriver son ancien supérieur, Lev ne put réprimer un sourire. Sans même faire mine de se lever, il esquissa du bout des doigts une parodie nonchalante de salut militaire à laquelle le lieutenant répondit avec raideur.

« On est venu me dire que vous étiez ici pour récupérer votre chien, annonça Warwald sans ambages. Je ne sais pas qui vous a dit de le faire ce soir, mais c'était une très mauvaise idée, d'autant que la nuit tombe tôt... »

La moue perplexe de Lev émergea de sous le blouson de cuir.

« On m'a dit que je devais venir pour rencontrer un certain Arvid Tusane, répondit-il. Il n'a jamais été question d'un chien. »

Warwald lissa sa moustache entre l'index et le majeur, l'air ennuyé.

« J'ai bien peur que cela revienne au même. Et que vous deviez attendre demain.
- Et, peut-on savoir pourquoi? »

Warwald ouvrit la bouche pour répondre, mais un hurlement à glacer le sang, provenant de l'extrémité opposée du couloir, lui coupa la parole. C'était un son inhumain, à mi-chemin entre une vocifération d'homme en colère et le cri d'une bête blessée. Lev se leva, et regarda par-dessus l'épaule du lieutenant. Le fond du couloir était occupé par une épaisse porte de métal, sans doute blindée, simplement ouverte à hauteur d'homme par une minuscule grille carrée renforcée par d'épais barreaux d'acier. Lev se demanda quel genre de fauve Warwald et ses semblables gardaient dans cette cage, et, surtout, s'il appartenait à une espèce reconnue par la science à son niveau actuel. Puis, soudain saisi d'un affreux doute, il pria pour que ce ne fût pas le « chien » en question, mais le haussement d'épaules de Warwald dissipa son fugace accès d'espoir.

« A cause de ça , répondit simplement le lieutenant.
- Et peut-on savoir ce que c'est, ''ça''? interrogea Lev, essayant de maîtriser au mieux le tremblement qui menaçait de poindre dans sa voix.
- ''Ça'', c'est votre Arvid Tusane, répliqua Warwald le plus posément du monde. Vous ne pourrez plus le voir avant demain matin. Et cela vaut mieux, parce qu'il a été infernal tout l'après-midi.
- Vous... vous voulez dire que c'est un homme qui a hurlé? »

Warwald jeta un coup d'œil amorphe aux soupiraux qui laissaient tomber de maigres rayons de jour déclinant sur le carrelage bleu et blanc du couloir.

« Oui, fit-il d'une voix toujours aussi tranquille. A l'heure qu'il est, je dois pouvoir affirmer sans trop me fourvoyer que c'en est encore un. »

 

C'est Old-Luck-Oie qui l'a dit.

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